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Podcast avec Thierry Botter, directeur exécutif de QuIC

12
Août
,
2022

Mon invité aujourd'hui est Thierry Botter, directeur exécutif de QuIC, un consortium quantique européen qui s'est développé très rapidement depuis sa création. Thierry explique ce qui fait la spécificité du consortium et partage ce qu'il a appris au cours des derniers mois. Nous discutons de l'impact d'une récession économique sur l'écosystème quantique, de ses activités au Forum économique mondial et de bien d'autres choses encore.

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LA TRANSCRIPTION COMPLÈTE EST CI-DESSOUS

Yuval: Bonjour, Thierry, et merci de m'avoir rejoint aujourd'hui.

Thierry: Bonjour, Yuval. C'est un plaisir d'être ici.

Yuval: Qui êtes-vous et que faites-vous ?

Thierry: Je m'appelle Thierry Botter. Je suis directeur exécutif du Consortium européen de l'industrie quantique, QuiC en abrégé, pour faire simple. QuiC est une association qui a été conçue, réunie par l'industrie pour l'industrie. Dans mon rôle, ma responsabilité est d'être le directeur exécutif de l'organisation. L'association a été fondée l'année dernière, en 2021, par une poignée d'entreprises européennes. Depuis, nous nous sommes beaucoup développés. Nous sommes aujourd'hui 160 membres différents, principalement des PME, ainsi que des grandes entreprises de toute l'Europe. Cela comprend l'Union européenne, les pays voisins tels que la Norvège, le Royaume-Uni, la Suisse et Israël. L'objectif de cette association est de renforcer le développement et la croissance des entreprises européennes impliquées dans l'espace quantique, de préparer le secteur dans son ensemble pour l'aider à se développer et à devenir un secteur durable, et enfin de voir la création de richesses en Europe dans le domaine quantique.

Yuval: 160 membres en un an, c'est très impressionnant. Je pense qu'il existe d'autres associations professionnelles en Europe. En quoi QuiC est-elle unique par rapport aux autres ?

Thierry: Je pense que QuiC, en raison de la mission que nous remplissons, à savoir répondre aux besoins et développer l'espace quantique, se distingue. C'est donc grâce au secteur, peut-être plus qu'à l'association elle-même. Le secteur est jeune mais très dynamique. Nos membres rivalisent au quotidien pour répondre à cet appétit croissant pour les technologies quantiques au sens pluriel du terme, et nous aurons peut-être l'occasion de nous pencher un peu plus sur ce sujet, les ordinateurs, la communication, les dispositifs de détection et de métrologie, ainsi que les nombreuses technologies habilitantes sous-jacentes. Nous nous développons rapidement parce qu'il y a un tel intérêt pour ce domaine, une telle croissance du nombre d'entreprises impliquées et engagées, et QuiC agit comme un catalyseur pour ce développement en Europe. En vertu de cette mission, je pense que nous avons pu nous développer rapidement et que nous commençons à apporter des contributions significatives à nos membres et à la croissance du secteur quantique européen dans son ensemble.

Yuval: J'imagine qu'une organisation de ce type aurait des membres universitaires intéressés par la recherche. Elle pourrait compter des entreprises dont le cœur de métier est le quantique, qu'il s'agisse d'informatique, de détection ou de communication. Il peut y avoir des entreprises plus importantes qui commencent à travailler sur le quantique, et de grandes entreprises qui sont curieuses, qui n'ont encore rien fait, mais qui veulent juste apprendre. Y a-t-il un groupe prédominant parmi les quatre au sein de l'organisation ?

Thierry: Très bonne question. Oui, c'est vrai. Notre noyau, la majorité de nos membres, se situe dans cette catégorie intermédiaire. Les PME qui développent diverses formes de technologies quantiques ou les technologies habilitantes qui les sous-tendent représentent environ 60 %, trois cinquièmes de nos membres, et elles constituent la poignée de main, pour ainsi dire, entre les deux extrémités. D'un côté, les grandes entreprises, les grands groupes, dont certains cherchent à intégrer les technologies quantiques dans leur portefeuille de produits ou dans leurs propres opérations internes. D'autres sont là pour apprendre et comprendre comment ces nouvelles technologies, ces nouvelles capacités peuvent avoir un impact sur leur activité, leur secteur.

De l'autre côté, à l'extrémité très créative et tournée vers l'avenir, on trouve les chercheurs, les universitaires, les divers groupes de recherche qui préparent les technologies de demain que ces PME, et peut-être de nouvelles à venir, adopteront et utiliseront comme leur propre cheval de bataille et leur propre portefeuille de base. Nous avons donc ce large éventail, ce noyau central, les PME étant le groupe principal, mais avec environ 20 % à chaque extrémité, avec d'un côté ce noyau de recherche et de l'autre les utilisateurs finaux, les grandes entreprises présentes.

Yuval: Où interviennent les gouvernements ? En Europe, il y a de nombreux gouvernements : le gouvernement de l'UE, les gouvernements des États membres et peut-être même les gouvernements locaux. Comment QuiC joue-t-il avec les gouvernements locaux ou avec les gouvernements en général ? Que cherchez-vous à faire et qu'avez-vous pu réaliser ?

Thierry: En Europe, le soutien public au développement des technologies quantiques a été très fort. Cela s'est produit au niveau de chaque pays, ainsi qu'au niveau de l'Union européenne. Cela a servi de catalyseur au développement du secteur. Ce que nous avons essayé de faire à QuiC, c'est de donner à ces décideurs politiques, à ces parties prenantes publiques, une perspective, un point de vue commun venant de l'industrie, ce que l'industrie dans son ensemble considère comme une participation clé, des ajouts clés, où le gouvernement pourrait intervenir et vraiment soutenir la croissance. Il faut, d'une part, amener les entreprises à travailler ensemble et à réfléchir ensemble à ce dont le secteur a besoin. Ce n'est pas toujours facile parce qu'il y a des perspectives différentes, une multitude de technologies différentes, et le simple fait d'arriver à une image claire et unique est déjà un défi en soi.

D'autre part, il a fallu assurer la liaison avec les différents gouvernements, leur expliquer notre vision de l'industrie, comprendre leurs exigences, leurs conditions et leurs limites, et enfin essayer de mettre au point un plan aussi harmonisé que possible. Ce n'est pas parfait, bien sûr, mais il s'agit de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de duplication, de fragmentation, de séparation, et qu'il soit vraiment là pour compléter ce qui se passe dans les différents domaines. Tout cela pour qu'en fin de compte, les nombreuses entreprises qui créent ou établissent cet effort quantique européen puissent bénéficier de cette volonté, de ce désir de soutien de la part du gouvernement et l'utiliser comme un accélérateur de croissance.

Yuval: Au moment où nous enregistrons cet épisode, on s'inquiète de l'arrivée d'une récession. Le climat de financement a changé. J'ai lu, il n'y a pas très longtemps, un article de David Shaw de Fact Based Insight, qui disait : " L'argent se tarit. Il y a ce mouvement sur les SPAC. Que font les petites entreprises ? Que doivent faire les grandes entreprises ? Que font les gouvernements ?" Quel est votre point de vue sur la situation du financement en Europe et que recommandez-vous à vos membres ?

Thierry: C'est une très bonne question. Nous traversons une période difficile à l'échelle macroéconomique et je pense que cela aura forcément un impact sur le secteur quantique. La nature et la forme exactes de cet impact restent à déterminer. Je pense qu'il est encore tôt. Quant à nos membres, chacun d'entre eux est, je pense, conscient de ce que cela signifie pour sa propre entreprise, son propre business, alors qu'il envisage l'avenir. Cela dit, je pense que le soutien qui a été promis jusqu'à présent pour les technologies quantiques s'est concrétisé et continue de se concrétiser. Je pense donc qu'à court terme, nous sommes très enthousiastes face à cette perspective, et beaucoup de nos membres ont déjà capitalisé ou soumis des propositions et ont réussi avec ces propositions à capter une partie de ce financement public, donc je pense que cela va continuer. De nombreux membres ont également réussi à lever des fonds. La façon dont cela se passera dans les mois à venir reste à déterminer.

Tout le monde est conscient que les capitaux privés peuvent, bien sûr, être influencés par la fixation des taux dans diverses juridictions et par le marché financier mondial dans son ensemble, et qu'ils le sont. Je pense que les entreprises planifient et anticipent maintenant non pas cette année ou le début de l'année prochaine, mais au-delà. Le cycle de financement pourrait durer deux ou trois ans. À quoi cela ressemblera-t-il à la toute fin ? Dans le pire des cas, comme dans le cas d'un scénario médian, comment pouvons-nous nous assurer que nous nous construisons et que nous nous rendons aussi loin que possible, tout en conservant une base financière solide ? C'est un défi. Les défis sont différents d'une entreprise à l'autre. Je pense que le message que nous avons tendance à partager est d'être prudent, mais en même temps d'être présent et actif, parce que c'est le fait d'être actif maintenant dans une association comme QuiC qui vous permet d'entrer en contact avec les bons acteurs et de vous donner les meilleures chances possibles de traverser cette période. Et il faudra ensuite attendre de voir comment la situation évolue.

Ce n'est pas seulement vrai pour la technologie quantique, c'est aussi vrai pour le secteur financier dans son ensemble. En fin de compte, au-delà de cette période difficile que seront les prochaines années, je pense que l'avenir de la technologie quantique est extrêmement prometteur. Cette technologie est tellement prometteuse. S'il y a une lueur d'espoir à trouver dans cette période difficile, c'est qu'une partie du battage médiatique que nous avons vu dans le secteur pourrait être ramenée à la réalité. Je pense que c'est un point sur lequel notre association a beaucoup insisté. Oui, ces technologies sont très prometteuses, mais il y a encore beaucoup de développement à faire. C'est un secteur en pleine croissance. Il y a encore beaucoup de travail à faire. C'est pourquoi, si nous parvenons à dépasser ce battage médiatique, à défendre une perspective plus raisonnable sur le développement, en essayant d'associer les promesses qu'il recèle aux développements technologiques actuels, cet environnement nous donne l'occasion d'essayer de nous réinitialiser et de disposer d'une base encore meilleure et plus solide pour décoller lorsque les conditions économiques reviendront à ce que nous avons connu dans le passé.

Yuval: J'imagine qu'à QuiC, vous organisez un bon nombre d'événements, et je crois que Classiq a participé à certains d'entre eux. Si quelqu'un devait créer une organisation similaire aux États-Unis, sur quel type d'événements recommanderiez-vous de vous concentrer ? Lesquels ont été les plus réussis de votre point de vue ?

Thierry: Je pense que les entreprises et les entités peuvent avoir des points de vue différents. Je vais donner ma propre perception de ce que j'ai vu à QuiC, et ce que j'ai vu est très puissant. Ce qui a été vraiment enrichissant, non seulement pour moi en tant que directeur exécutif, mais surtout pour les nombreux membres de QuiC, c'est cette opportunité de travailler ensemble et de découvrir qui est qui à travers le spectre, dans ce cas, européen. Je pense qu'il est très facile de se sentir à l'aise avec un ensemble de fournisseurs, avec un ensemble de clients, avec un ensemble de connaissances connues. L'espace quantique est très vaste et en pleine croissance. Il est difficile, même pour le meilleur des PDG et des cadres de niveau C, d'avoir un bon côté de tout et de tous.

Il faut donc promouvoir les événements qui permettent de réunir ces personnes dans un cadre commun pour qu'elles apprennent à se connaître, à comprendre qui fait quoi, et de nouvelles idées naissent de ces rencontres, de nouveaux partenariats tendent à émaner de ces événements. Et avec un secteur aussi jeune, nous verrons certainement dans les années à venir des fusions et des acquisitions, en préparant cela dans le sens d'offrir aux entreprises la possibilité de se connaître, de savoir qui elles sont, ce qu'elles font. Aller au-delà, comme je l'ai dit, de leurs cercles immédiats de clients, de fournisseurs de services ou de concurrents, je pense qu'il s'agit là d'un ensemble d'activités très puissant. Et nous avons déjà eu des échos très positifs de la part de plusieurs membres qui ont eu l'occasion de participer à de telles activités.

Yuval: En parlant d'événements, vous et moi allons à des événements, et je pense que c'est en fait la raison pour laquelle nous avons mis en place l'enregistrement de ce podcast, et nous parlons souvent tous les deux à des événements ainsi qu'à des panels et ainsi de suite. Et le risque, bien sûr, c'est de répéter les mêmes choses. Que savez-vous aujourd'hui que vous ne saviez pas ou que vous auriez dit complètement différemment il y a six mois ? Qu'y a-t-il de nouveau dans le monde de Tierry ?

Thierry: Il s'est passé beaucoup de choses au cours des six derniers mois, il est donc difficile de citer une seule chose, mais je vais essayer d'en choisir une, voire deux, qui m'ont vraiment marqué. L'un des sujets qui est passé de plus en plus au premier plan est l'importance accordée au quantique sur le plan international. Nous savons tous que le monde d'aujourd'hui est un monde très stimulant sur le plan géopolitique, qui fait appel à de nombreuses technologies différentes, et la technologie quantique est de plus en plus au premier plan. Et ce que nous remarquons également, c'est que l'on parle d'une fragmentation potentielle. Et bien sûr, c'est inquiétant pour un secteur aussi jeune, en pleine croissance, qui cherche encore à s'établir sur le long terme. Je pense donc qu'à cet égard, il est nécessaire d'être encore plus proactif, de favoriser davantage le discours international, l'alignement et, en fin de compte, d'éviter de placer trop d'obstacles trop tôt sur une technologie qui est encore en pleine croissance, qui nécessite encore ou qui a besoin de faire pleinement ses preuves sur le marché, je l'ai déjà dit, nous voyons tous le potentiel de cette technologie, mais il y a encore beaucoup de développement à faire.

Et il est important que le commerce international favorise cette croissance, qu'il serve de catalyseur et non de frein. Je pense donc que cette question a pris de l'ampleur au cours des six derniers mois. La normalisation est un autre domaine dans lequel j'ai été mieux informé ou dans lequel j'ai été mieux informé au cours des six derniers mois et que j'ai appris à apprécier. Lorsque nous pensons à la normalisation, nous pensons généralement, et je dirais même naturellement, à des secteurs plus établis, mais la normalisation, dans le sens où elle peut aider les entreprises qui cherchent à s'engager pour la première fois dans les technologies quantiques, ou qui cherchent à comprendre les détails entre deux fournisseurs différents de technologies légèrement différentes, à saisir quels sont les paramètres importants, quels devraient être les éléments clés pour les différencier.

Tout cela se résume à la normalisation. Lorsque je parle de normalisation, je ne pense pas nécessairement aux interfaces physiques et aux facteurs de forme exacts, mais plutôt aux caractéristiques qui doivent être exprimées lorsque nous parlons d'un objet quantique. Comment mesurer les performances d'un ordinateur quantique ? Quels sont les bons paramètres à utiliser ? Comment comparer, si nous sommes un fabricant d'ordinateurs quantiques, les différents composants qui entrent dans sa composition ? Quelles sont les mesures clés pour ces composants individuels ?

Nous pouvons avoir une idée, mais nous pouvons aussi découvrir au fil du temps qu'il y a en fait des détails supplémentaires. Et, bien sûr, lorsque vous travaillez sans normalisation, il est difficile de toujours comparer des pommes avec des pommes. On se retrouve souvent à comparer des pommes à des oranges. C'est pourquoi, à mesure que le secteur continue de croître et de mûrir, il sera très important, je pense, de comprendre cette normalisation dans l'esprit d'établir des points de référence honnêtes pour que les entreprises puissent prendre une décision en connaissance de cause et, bien sûr, de le faire dans le respect de la pluralité des technologies. Nous en sommes encore à un stade très précoce, et si l'on reprend l'exemple des ordinateurs quantiques, il existe une multitude de variantes d'ordinateurs quantiques. C'est une force et un avantage, et cela montre le degré de développement et de recherche en cours, mais il n'en reste pas moins qu'au sein de chacune de ces branches, la possibilité d'offrir certaines comparaisons et certaines mesures équitables entre les différents groupes est une chose précieuse qui doit être examinée très attentivement.

Yuval: Et pour faire ce développement, il faut des développeurs, et je pense que c'est un point commun à de nombreux événements auxquels nous participons. On craint qu'il n'y ait pas assez de talents, et même les organisations qui veulent se lancer dans le quantique ont du mal à trouver les bonnes personnes. Que fait QuiC pour contribuer à résoudre ce problème ?

Thierry: Le besoin de personnel est, je pense, bien reconnu comme un ingrédient important, et de nombreuses projections montrent qu'en effet, il y aura forcément une pénurie. Le QuiC est là pour faire plusieurs choses. La première est de comprendre, de mettre en commun les besoins des différentes entreprises. Aucune entreprise ne peut à elle seule modifier et mettre en œuvre des programmes de formation particuliers ou encourager le développement de certains types de reconnaissance des diplômes, etc. Je pense donc que nous sommes là pour essayer de saisir, d'un point de vue collectif, quels sont les besoins et, dans un deuxième temps, pour pouvoir approcher, à nouveau, les mêmes acteurs publics avec lesquels nous sommes déjà engagés et les orienter sur le sujet de l'éducation, des formations professionnelles, pour soutenir les individus qui veulent atteindre et entrer dans cet espace quantique pour être en mesure de le faire.

Et il est vraiment important de prendre un moment pour reconnaître que nous ne parlons pas simplement ici de ce que la plupart des entreprises ont jusqu'à présent embauché pour le secteur quantique, à savoir des titulaires de doctorats en physique quantique ou dans des domaines très proches, mais de plus en plus d'ingénieurs, de scientifiques titulaires d'une maîtrise et même d'autres compétences plus larges, communication, RH, etc. qui ont une certaine connaissance, une certaine sensibilité, je dirais même qu'ils sont versés dans le secteur quantique sans en être des experts. Ce type de capacités, ce type d'ensembles de compétences sera de plus en plus important et il est nécessaire de s'y préparer. Il s'agit donc d'aborder le sujet à la fois pour la prochaine génération d'employés et pour l'ensemble des professionnels actuels.

Yuval: Alors que nous approchons de la fin de notre discussion d'aujourd'hui, je sais que vous jouez également un rôle au sein du Forum économique mondial. Pourriez-vous expliquer ce que le Forum économique mondial fait au sujet du quantum et pourquoi il est nécessaire de le faire à ce niveau, et quel est votre rôle dans cette activité ?

Thierry: Certainement. Depuis quelques années, le Forum économique mondial est très intéressé par le développement de cette jeune technologie, les technologies quantiques, et s'intéresse particulièrement au domaine de l'informatique quantique. L'année dernière, j'ai eu le privilège de faire partie d'un groupe qui a élaboré des principes de gouvernance sur l'informatique quantique. Ces principes ont été publiés au début de cette année, début 2022.

Depuis, nous avons franchi une nouvelle étape dans le cadre du Global Future Council pour développer cette fois non seulement le principe de gouvernance, mais aussi un état des lieux, pour ainsi dire, de l'informatique quantique, de ce qui se passe aujourd'hui, de l'état de l'art, de la situation mondiale sur le sujet, des entreprises, des développements industriels, de la recherche, etc. afin de donner aux décideurs, aux membres permanents du Forum économique mondial, une idée claire de cette nouvelle technologie et une base à partir de laquelle développer des politiques potentielles ou proposer des actions qui devraient être prises au niveau international. D'autres travaux sont encore à venir. Je me suis impliqué à la fois du point de vue industriel et du point de vue européen. Je continue à m'impliquer dans le groupe et, très franchement, je pense qu'il est passionnant de voir cette évolution se produire et de constater l'intérêt que suscite le quantique dans son ensemble. Nous n'en sommes qu'au début, mais je pense qu'il est clair que l'on apprécie l'impact que cela aura sur l'avenir de chacun.

Yuval: Ce que je retiens de cette conversation, c'est qu'il y a une quantité incroyable d'activités en Europe. Tout d'abord, seriez-vous d'accord pour dire que c'est le cas ?

Thierry: Absolument.

Yuval: Comment la comparez-vous à d'autres régions du monde ? Et peut-être pour faire suite à cela, que ce soit en raison du Forum économique mondial ou du travail que vous faites en Europe, comment voyez-vous la Chine à cet égard ?

Thierry: Tout d'abord, je pense que les activités en Europe à l'échelle internationale n'ont peut-être pas toujours été aussi évidentes, ce qui a été, à mon avis, dommage, et je pense qu'il est important d'articuler à quel point le développement est dynamique ici. Non seulement QuiC compte 160 membres, mais si nous avons ce nombre, c'est parce qu'il y a un grand nombre de nouvelles entreprises, de startups de toutes sortes qui sont là pour ouvrir la voie et développer ce secteur. Et ces nombreuses startups différentes sont le produit d'une base académique très solide. Certaines études ont montré que jusqu'à très récemment, et je pense que c'est encore vrai à l'heure actuelle, l'Europe est en tête en termes de publications scientifiques dans de nombreux domaines quantiques, ce qui, je pense, montre le niveau des capacités universitaires qui existent ici et qui, en fin de compte, alimentent ce développement industriel global. Je pense donc qu'il se passe beaucoup de choses en Europe, peut-être de manière moins spectaculaire que dans d'autres régions du monde.

Mais je ne manquerais pas d'inciter les curieux, les personnes qui entrent dans cet espace, à regarder ce qui se passe ici. D'un pays à l'autre, je ne dirais pas qu'un pays en particulier se distingue, mais plutôt que l'ensemble des pays d'Europe est vraiment impressionnant. Pour ce qui est de la comparaison à l'échelle mondiale, oui, il se passe beaucoup de choses aux États-Unis. Je pense que cela a été très bien vu par de nombreux organes de presse. Il y a beaucoup plus de rapports sur ce qui se passe aux États-Unis, peut-être parce qu'il y a quelques grands noms, en particulier dans le domaine de l'informatique quantique, tels que Google, IBM, Microsoft, qui sont peut-être plus faciles à capter pour certains. En ce qui concerne la Chine, je pense qu'il s'agit d'une région du monde où il y a beaucoup de travail, beaucoup de réalisations, qu'il ne faut pas sous-estimer non plus, mais qui est peut-être moins visible en termes de développements, de résultats, peut-être même en termes de nouvelles entreprises qui ont vu le jour.

Cependant, si l'on considère la recherche, le nombre de publications et la qualité de ces publications, on peut dire qu'il y a une activité importante dans ce domaine. La Chine est donc prête à jouer un rôle très important dans le développement des technologies quantiques. C'est donc une période passionnante, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais il est clair que le sujet dispose d'un groupe d'individus et d'un groupe d'entreprises très dynamiques, et que notre avenir impliquera forcément le quantique d'une manière ou d'une autre, même si ce n'est pas transparent pour vous, moi et tous les autres au jour le jour. Je pense qu'une grande partie de ce qui alimente le monde qui nous entoure comportera un certain degré de quantique.

Yuval: Thierry, je tiens tout d'abord à m'excuser d'avoir écorché votre nom. Croyez-moi, il n'est pas nécessaire d'être un homme pour être un homme. Si j'ai mal prononcé votre nom, c'est simplement à cause de mon incapacité et non de votre faute. Mais plus sérieusement, comment les gens peuvent-ils vous contacter pour en savoir plus sur le travail que vous faites ?

Thierry: Merci. Toute personne intéressée peut me contacter sur LinkedIn. Vous pouvez facilement faire une recherche sur Thierry Botter. Et aussi par l'intermédiaire de l'association, www.euroquic.org. Vous y trouverez plus d'informations sur moi, sur l'association et sur ce qui se passe en Europe, et j'encourage vivement vos auditeurs à y jeter un coup d'œil.

Yuval: Merci beaucoup de m'avoir rejoint aujourd'hui.

Thierry: Merci.

Mon invité aujourd'hui est Thierry Botter, directeur exécutif de QuIC, un consortium quantique européen qui s'est développé très rapidement depuis sa création. Thierry explique ce qui fait la spécificité du consortium et partage ce qu'il a appris au cours des derniers mois. Nous discutons de l'impact d'une récession économique sur l'écosystème quantique, de ses activités au Forum économique mondial et de bien d'autres choses encore.

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LA TRANSCRIPTION COMPLÈTE EST CI-DESSOUS

Yuval: Bonjour, Thierry, et merci de m'avoir rejoint aujourd'hui.

Thierry: Bonjour, Yuval. C'est un plaisir d'être ici.

Yuval: Qui êtes-vous et que faites-vous ?

Thierry: Je m'appelle Thierry Botter. Je suis directeur exécutif du Consortium européen de l'industrie quantique, QuiC en abrégé, pour faire simple. QuiC est une association qui a été conçue, réunie par l'industrie pour l'industrie. Dans mon rôle, ma responsabilité est d'être le directeur exécutif de l'organisation. L'association a été fondée l'année dernière, en 2021, par une poignée d'entreprises européennes. Depuis, nous nous sommes beaucoup développés. Nous sommes aujourd'hui 160 membres différents, principalement des PME, ainsi que des grandes entreprises de toute l'Europe. Cela comprend l'Union européenne, les pays voisins tels que la Norvège, le Royaume-Uni, la Suisse et Israël. L'objectif de cette association est de renforcer le développement et la croissance des entreprises européennes impliquées dans l'espace quantique, de préparer le secteur dans son ensemble pour l'aider à se développer et à devenir un secteur durable, et enfin de voir la création de richesses en Europe dans le domaine quantique.

Yuval: 160 membres en un an, c'est très impressionnant. Je pense qu'il existe d'autres associations professionnelles en Europe. En quoi QuiC est-elle unique par rapport aux autres ?

Thierry: Je pense que QuiC, en raison de la mission que nous remplissons, à savoir répondre aux besoins et développer l'espace quantique, se distingue. C'est donc grâce au secteur, peut-être plus qu'à l'association elle-même. Le secteur est jeune mais très dynamique. Nos membres rivalisent au quotidien pour répondre à cet appétit croissant pour les technologies quantiques au sens pluriel du terme, et nous aurons peut-être l'occasion de nous pencher un peu plus sur ce sujet, les ordinateurs, la communication, les dispositifs de détection et de métrologie, ainsi que les nombreuses technologies habilitantes sous-jacentes. Nous nous développons rapidement parce qu'il y a un tel intérêt pour ce domaine, une telle croissance du nombre d'entreprises impliquées et engagées, et QuiC agit comme un catalyseur pour ce développement en Europe. En vertu de cette mission, je pense que nous avons pu nous développer rapidement et que nous commençons à apporter des contributions significatives à nos membres et à la croissance du secteur quantique européen dans son ensemble.

Yuval: J'imagine qu'une organisation de ce type aurait des membres universitaires intéressés par la recherche. Elle pourrait compter des entreprises dont le cœur de métier est le quantique, qu'il s'agisse d'informatique, de détection ou de communication. Il peut y avoir des entreprises plus importantes qui commencent à travailler sur le quantique, et de grandes entreprises qui sont curieuses, qui n'ont encore rien fait, mais qui veulent juste apprendre. Y a-t-il un groupe prédominant parmi les quatre au sein de l'organisation ?

Thierry: Très bonne question. Oui, c'est vrai. Notre noyau, la majorité de nos membres, se situe dans cette catégorie intermédiaire. Les PME qui développent diverses formes de technologies quantiques ou les technologies habilitantes qui les sous-tendent représentent environ 60 %, trois cinquièmes de nos membres, et elles constituent la poignée de main, pour ainsi dire, entre les deux extrémités. D'un côté, les grandes entreprises, les grands groupes, dont certains cherchent à intégrer les technologies quantiques dans leur portefeuille de produits ou dans leurs propres opérations internes. D'autres sont là pour apprendre et comprendre comment ces nouvelles technologies, ces nouvelles capacités peuvent avoir un impact sur leur activité, leur secteur.

De l'autre côté, à l'extrémité très créative et tournée vers l'avenir, on trouve les chercheurs, les universitaires, les divers groupes de recherche qui préparent les technologies de demain que ces PME, et peut-être de nouvelles à venir, adopteront et utiliseront comme leur propre cheval de bataille et leur propre portefeuille de base. Nous avons donc ce large éventail, ce noyau central, les PME étant le groupe principal, mais avec environ 20 % à chaque extrémité, avec d'un côté ce noyau de recherche et de l'autre les utilisateurs finaux, les grandes entreprises présentes.

Yuval: Où interviennent les gouvernements ? En Europe, il y a de nombreux gouvernements : le gouvernement de l'UE, les gouvernements des États membres et peut-être même les gouvernements locaux. Comment QuiC joue-t-il avec les gouvernements locaux ou avec les gouvernements en général ? Que cherchez-vous à faire et qu'avez-vous pu réaliser ?

Thierry: En Europe, le soutien public au développement des technologies quantiques a été très fort. Cela s'est produit au niveau de chaque pays, ainsi qu'au niveau de l'Union européenne. Cela a servi de catalyseur au développement du secteur. Ce que nous avons essayé de faire à QuiC, c'est de donner à ces décideurs politiques, à ces parties prenantes publiques, une perspective, un point de vue commun venant de l'industrie, ce que l'industrie dans son ensemble considère comme une participation clé, des ajouts clés, où le gouvernement pourrait intervenir et vraiment soutenir la croissance. Il faut, d'une part, amener les entreprises à travailler ensemble et à réfléchir ensemble à ce dont le secteur a besoin. Ce n'est pas toujours facile parce qu'il y a des perspectives différentes, une multitude de technologies différentes, et le simple fait d'arriver à une image claire et unique est déjà un défi en soi.

D'autre part, il a fallu assurer la liaison avec les différents gouvernements, leur expliquer notre vision de l'industrie, comprendre leurs exigences, leurs conditions et leurs limites, et enfin essayer de mettre au point un plan aussi harmonisé que possible. Ce n'est pas parfait, bien sûr, mais il s'agit de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de duplication, de fragmentation, de séparation, et qu'il soit vraiment là pour compléter ce qui se passe dans les différents domaines. Tout cela pour qu'en fin de compte, les nombreuses entreprises qui créent ou établissent cet effort quantique européen puissent bénéficier de cette volonté, de ce désir de soutien de la part du gouvernement et l'utiliser comme un accélérateur de croissance.

Yuval: Au moment où nous enregistrons cet épisode, on s'inquiète de l'arrivée d'une récession. Le climat de financement a changé. J'ai lu, il n'y a pas très longtemps, un article de David Shaw de Fact Based Insight, qui disait : " L'argent se tarit. Il y a ce mouvement sur les SPAC. Que font les petites entreprises ? Que doivent faire les grandes entreprises ? Que font les gouvernements ?" Quel est votre point de vue sur la situation du financement en Europe et que recommandez-vous à vos membres ?

Thierry: C'est une très bonne question. Nous traversons une période difficile à l'échelle macroéconomique et je pense que cela aura forcément un impact sur le secteur quantique. La nature et la forme exactes de cet impact restent à déterminer. Je pense qu'il est encore tôt. Quant à nos membres, chacun d'entre eux est, je pense, conscient de ce que cela signifie pour sa propre entreprise, son propre business, alors qu'il envisage l'avenir. Cela dit, je pense que le soutien qui a été promis jusqu'à présent pour les technologies quantiques s'est concrétisé et continue de se concrétiser. Je pense donc qu'à court terme, nous sommes très enthousiastes face à cette perspective, et beaucoup de nos membres ont déjà capitalisé ou soumis des propositions et ont réussi avec ces propositions à capter une partie de ce financement public, donc je pense que cela va continuer. De nombreux membres ont également réussi à lever des fonds. La façon dont cela se passera dans les mois à venir reste à déterminer.

Tout le monde est conscient que les capitaux privés peuvent, bien sûr, être influencés par la fixation des taux dans diverses juridictions et par le marché financier mondial dans son ensemble, et qu'ils le sont. Je pense que les entreprises planifient et anticipent maintenant non pas cette année ou le début de l'année prochaine, mais au-delà. Le cycle de financement pourrait durer deux ou trois ans. À quoi cela ressemblera-t-il à la toute fin ? Dans le pire des cas, comme dans le cas d'un scénario médian, comment pouvons-nous nous assurer que nous nous construisons et que nous nous rendons aussi loin que possible, tout en conservant une base financière solide ? C'est un défi. Les défis sont différents d'une entreprise à l'autre. Je pense que le message que nous avons tendance à partager est d'être prudent, mais en même temps d'être présent et actif, parce que c'est le fait d'être actif maintenant dans une association comme QuiC qui vous permet d'entrer en contact avec les bons acteurs et de vous donner les meilleures chances possibles de traverser cette période. Et il faudra ensuite attendre de voir comment la situation évolue.

Ce n'est pas seulement vrai pour la technologie quantique, c'est aussi vrai pour le secteur financier dans son ensemble. En fin de compte, au-delà de cette période difficile que seront les prochaines années, je pense que l'avenir de la technologie quantique est extrêmement prometteur. Cette technologie est tellement prometteuse. S'il y a une lueur d'espoir à trouver dans cette période difficile, c'est qu'une partie du battage médiatique que nous avons vu dans le secteur pourrait être ramenée à la réalité. Je pense que c'est un point sur lequel notre association a beaucoup insisté. Oui, ces technologies sont très prometteuses, mais il y a encore beaucoup de développement à faire. C'est un secteur en pleine croissance. Il y a encore beaucoup de travail à faire. C'est pourquoi, si nous parvenons à dépasser ce battage médiatique, à défendre une perspective plus raisonnable sur le développement, en essayant d'associer les promesses qu'il recèle aux développements technologiques actuels, cet environnement nous donne l'occasion d'essayer de nous réinitialiser et de disposer d'une base encore meilleure et plus solide pour décoller lorsque les conditions économiques reviendront à ce que nous avons connu dans le passé.

Yuval: J'imagine qu'à QuiC, vous organisez un bon nombre d'événements, et je crois que Classiq a participé à certains d'entre eux. Si quelqu'un devait créer une organisation similaire aux États-Unis, sur quel type d'événements recommanderiez-vous de vous concentrer ? Lesquels ont été les plus réussis de votre point de vue ?

Thierry: Je pense que les entreprises et les entités peuvent avoir des points de vue différents. Je vais donner ma propre perception de ce que j'ai vu à QuiC, et ce que j'ai vu est très puissant. Ce qui a été vraiment enrichissant, non seulement pour moi en tant que directeur exécutif, mais surtout pour les nombreux membres de QuiC, c'est cette opportunité de travailler ensemble et de découvrir qui est qui à travers le spectre, dans ce cas, européen. Je pense qu'il est très facile de se sentir à l'aise avec un ensemble de fournisseurs, avec un ensemble de clients, avec un ensemble de connaissances connues. L'espace quantique est très vaste et en pleine croissance. Il est difficile, même pour le meilleur des PDG et des cadres de niveau C, d'avoir un bon côté de tout et de tous.

Il faut donc promouvoir les événements qui permettent de réunir ces personnes dans un cadre commun pour qu'elles apprennent à se connaître, à comprendre qui fait quoi, et de nouvelles idées naissent de ces rencontres, de nouveaux partenariats tendent à émaner de ces événements. Et avec un secteur aussi jeune, nous verrons certainement dans les années à venir des fusions et des acquisitions, en préparant cela dans le sens d'offrir aux entreprises la possibilité de se connaître, de savoir qui elles sont, ce qu'elles font. Aller au-delà, comme je l'ai dit, de leurs cercles immédiats de clients, de fournisseurs de services ou de concurrents, je pense qu'il s'agit là d'un ensemble d'activités très puissant. Et nous avons déjà eu des échos très positifs de la part de plusieurs membres qui ont eu l'occasion de participer à de telles activités.

Yuval: En parlant d'événements, vous et moi allons à des événements, et je pense que c'est en fait la raison pour laquelle nous avons mis en place l'enregistrement de ce podcast, et nous parlons souvent tous les deux à des événements ainsi qu'à des panels et ainsi de suite. Et le risque, bien sûr, c'est de répéter les mêmes choses. Que savez-vous aujourd'hui que vous ne saviez pas ou que vous auriez dit complètement différemment il y a six mois ? Qu'y a-t-il de nouveau dans le monde de Tierry ?

Thierry: Il s'est passé beaucoup de choses au cours des six derniers mois, il est donc difficile de citer une seule chose, mais je vais essayer d'en choisir une, voire deux, qui m'ont vraiment marqué. L'un des sujets qui est passé de plus en plus au premier plan est l'importance accordée au quantique sur le plan international. Nous savons tous que le monde d'aujourd'hui est un monde très stimulant sur le plan géopolitique, qui fait appel à de nombreuses technologies différentes, et la technologie quantique est de plus en plus au premier plan. Et ce que nous remarquons également, c'est que l'on parle d'une fragmentation potentielle. Et bien sûr, c'est inquiétant pour un secteur aussi jeune, en pleine croissance, qui cherche encore à s'établir sur le long terme. Je pense donc qu'à cet égard, il est nécessaire d'être encore plus proactif, de favoriser davantage le discours international, l'alignement et, en fin de compte, d'éviter de placer trop d'obstacles trop tôt sur une technologie qui est encore en pleine croissance, qui nécessite encore ou qui a besoin de faire pleinement ses preuves sur le marché, je l'ai déjà dit, nous voyons tous le potentiel de cette technologie, mais il y a encore beaucoup de développement à faire.

Et il est important que le commerce international favorise cette croissance, qu'il serve de catalyseur et non de frein. Je pense donc que cette question a pris de l'ampleur au cours des six derniers mois. La normalisation est un autre domaine dans lequel j'ai été mieux informé ou dans lequel j'ai été mieux informé au cours des six derniers mois et que j'ai appris à apprécier. Lorsque nous pensons à la normalisation, nous pensons généralement, et je dirais même naturellement, à des secteurs plus établis, mais la normalisation, dans le sens où elle peut aider les entreprises qui cherchent à s'engager pour la première fois dans les technologies quantiques, ou qui cherchent à comprendre les détails entre deux fournisseurs différents de technologies légèrement différentes, à saisir quels sont les paramètres importants, quels devraient être les éléments clés pour les différencier.

Tout cela se résume à la normalisation. Lorsque je parle de normalisation, je ne pense pas nécessairement aux interfaces physiques et aux facteurs de forme exacts, mais plutôt aux caractéristiques qui doivent être exprimées lorsque nous parlons d'un objet quantique. Comment mesurer les performances d'un ordinateur quantique ? Quels sont les bons paramètres à utiliser ? Comment comparer, si nous sommes un fabricant d'ordinateurs quantiques, les différents composants qui entrent dans sa composition ? Quelles sont les mesures clés pour ces composants individuels ?

Nous pouvons avoir une idée, mais nous pouvons aussi découvrir au fil du temps qu'il y a en fait des détails supplémentaires. Et, bien sûr, lorsque vous travaillez sans normalisation, il est difficile de toujours comparer des pommes avec des pommes. On se retrouve souvent à comparer des pommes à des oranges. C'est pourquoi, à mesure que le secteur continue de croître et de mûrir, il sera très important, je pense, de comprendre cette normalisation dans l'esprit d'établir des points de référence honnêtes pour que les entreprises puissent prendre une décision en connaissance de cause et, bien sûr, de le faire dans le respect de la pluralité des technologies. Nous en sommes encore à un stade très précoce, et si l'on reprend l'exemple des ordinateurs quantiques, il existe une multitude de variantes d'ordinateurs quantiques. C'est une force et un avantage, et cela montre le degré de développement et de recherche en cours, mais il n'en reste pas moins qu'au sein de chacune de ces branches, la possibilité d'offrir certaines comparaisons et certaines mesures équitables entre les différents groupes est une chose précieuse qui doit être examinée très attentivement.

Yuval: Et pour faire ce développement, il faut des développeurs, et je pense que c'est un point commun à de nombreux événements auxquels nous participons. On craint qu'il n'y ait pas assez de talents, et même les organisations qui veulent se lancer dans le quantique ont du mal à trouver les bonnes personnes. Que fait QuiC pour contribuer à résoudre ce problème ?

Thierry: Le besoin de personnel est, je pense, bien reconnu comme un ingrédient important, et de nombreuses projections montrent qu'en effet, il y aura forcément une pénurie. Le QuiC est là pour faire plusieurs choses. La première est de comprendre, de mettre en commun les besoins des différentes entreprises. Aucune entreprise ne peut à elle seule modifier et mettre en œuvre des programmes de formation particuliers ou encourager le développement de certains types de reconnaissance des diplômes, etc. Je pense donc que nous sommes là pour essayer de saisir, d'un point de vue collectif, quels sont les besoins et, dans un deuxième temps, pour pouvoir approcher, à nouveau, les mêmes acteurs publics avec lesquels nous sommes déjà engagés et les orienter sur le sujet de l'éducation, des formations professionnelles, pour soutenir les individus qui veulent atteindre et entrer dans cet espace quantique pour être en mesure de le faire.

Et il est vraiment important de prendre un moment pour reconnaître que nous ne parlons pas simplement ici de ce que la plupart des entreprises ont jusqu'à présent embauché pour le secteur quantique, à savoir des titulaires de doctorats en physique quantique ou dans des domaines très proches, mais de plus en plus d'ingénieurs, de scientifiques titulaires d'une maîtrise et même d'autres compétences plus larges, communication, RH, etc. qui ont une certaine connaissance, une certaine sensibilité, je dirais même qu'ils sont versés dans le secteur quantique sans en être des experts. Ce type de capacités, ce type d'ensembles de compétences sera de plus en plus important et il est nécessaire de s'y préparer. Il s'agit donc d'aborder le sujet à la fois pour la prochaine génération d'employés et pour l'ensemble des professionnels actuels.

Yuval: Alors que nous approchons de la fin de notre discussion d'aujourd'hui, je sais que vous jouez également un rôle au sein du Forum économique mondial. Pourriez-vous expliquer ce que le Forum économique mondial fait au sujet du quantum et pourquoi il est nécessaire de le faire à ce niveau, et quel est votre rôle dans cette activité ?

Thierry: Certainement. Depuis quelques années, le Forum économique mondial est très intéressé par le développement de cette jeune technologie, les technologies quantiques, et s'intéresse particulièrement au domaine de l'informatique quantique. L'année dernière, j'ai eu le privilège de faire partie d'un groupe qui a élaboré des principes de gouvernance sur l'informatique quantique. Ces principes ont été publiés au début de cette année, début 2022.

Depuis, nous avons franchi une nouvelle étape dans le cadre du Global Future Council pour développer cette fois non seulement le principe de gouvernance, mais aussi un état des lieux, pour ainsi dire, de l'informatique quantique, de ce qui se passe aujourd'hui, de l'état de l'art, de la situation mondiale sur le sujet, des entreprises, des développements industriels, de la recherche, etc. afin de donner aux décideurs, aux membres permanents du Forum économique mondial, une idée claire de cette nouvelle technologie et une base à partir de laquelle développer des politiques potentielles ou proposer des actions qui devraient être prises au niveau international. D'autres travaux sont encore à venir. Je me suis impliqué à la fois du point de vue industriel et du point de vue européen. Je continue à m'impliquer dans le groupe et, très franchement, je pense qu'il est passionnant de voir cette évolution se produire et de constater l'intérêt que suscite le quantique dans son ensemble. Nous n'en sommes qu'au début, mais je pense qu'il est clair que l'on apprécie l'impact que cela aura sur l'avenir de chacun.

Yuval: Ce que je retiens de cette conversation, c'est qu'il y a une quantité incroyable d'activités en Europe. Tout d'abord, seriez-vous d'accord pour dire que c'est le cas ?

Thierry: Absolument.

Yuval: Comment la comparez-vous à d'autres régions du monde ? Et peut-être pour faire suite à cela, que ce soit en raison du Forum économique mondial ou du travail que vous faites en Europe, comment voyez-vous la Chine à cet égard ?

Thierry: Tout d'abord, je pense que les activités en Europe à l'échelle internationale n'ont peut-être pas toujours été aussi évidentes, ce qui a été, à mon avis, dommage, et je pense qu'il est important d'articuler à quel point le développement est dynamique ici. Non seulement QuiC compte 160 membres, mais si nous avons ce nombre, c'est parce qu'il y a un grand nombre de nouvelles entreprises, de startups de toutes sortes qui sont là pour ouvrir la voie et développer ce secteur. Et ces nombreuses startups différentes sont le produit d'une base académique très solide. Certaines études ont montré que jusqu'à très récemment, et je pense que c'est encore vrai à l'heure actuelle, l'Europe est en tête en termes de publications scientifiques dans de nombreux domaines quantiques, ce qui, je pense, montre le niveau des capacités universitaires qui existent ici et qui, en fin de compte, alimentent ce développement industriel global. Je pense donc qu'il se passe beaucoup de choses en Europe, peut-être de manière moins spectaculaire que dans d'autres régions du monde.

Mais je ne manquerais pas d'inciter les curieux, les personnes qui entrent dans cet espace, à regarder ce qui se passe ici. D'un pays à l'autre, je ne dirais pas qu'un pays en particulier se distingue, mais plutôt que l'ensemble des pays d'Europe est vraiment impressionnant. Pour ce qui est de la comparaison à l'échelle mondiale, oui, il se passe beaucoup de choses aux États-Unis. Je pense que cela a été très bien vu par de nombreux organes de presse. Il y a beaucoup plus de rapports sur ce qui se passe aux États-Unis, peut-être parce qu'il y a quelques grands noms, en particulier dans le domaine de l'informatique quantique, tels que Google, IBM, Microsoft, qui sont peut-être plus faciles à capter pour certains. En ce qui concerne la Chine, je pense qu'il s'agit d'une région du monde où il y a beaucoup de travail, beaucoup de réalisations, qu'il ne faut pas sous-estimer non plus, mais qui est peut-être moins visible en termes de développements, de résultats, peut-être même en termes de nouvelles entreprises qui ont vu le jour.

Cependant, si l'on considère la recherche, le nombre de publications et la qualité de ces publications, on peut dire qu'il y a une activité importante dans ce domaine. La Chine est donc prête à jouer un rôle très important dans le développement des technologies quantiques. C'est donc une période passionnante, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais il est clair que le sujet dispose d'un groupe d'individus et d'un groupe d'entreprises très dynamiques, et que notre avenir impliquera forcément le quantique d'une manière ou d'une autre, même si ce n'est pas transparent pour vous, moi et tous les autres au jour le jour. Je pense qu'une grande partie de ce qui alimente le monde qui nous entoure comportera un certain degré de quantique.

Yuval: Thierry, je tiens tout d'abord à m'excuser d'avoir écorché votre nom. Croyez-moi, il n'est pas nécessaire d'être un homme pour être un homme. Si j'ai mal prononcé votre nom, c'est simplement à cause de mon incapacité et non de votre faute. Mais plus sérieusement, comment les gens peuvent-ils vous contacter pour en savoir plus sur le travail que vous faites ?

Thierry: Merci. Toute personne intéressée peut me contacter sur LinkedIn. Vous pouvez facilement faire une recherche sur Thierry Botter. Et aussi par l'intermédiaire de l'association, www.euroquic.org. Vous y trouverez plus d'informations sur moi, sur l'association et sur ce qui se passe en Europe, et j'encourage vivement vos auditeurs à y jeter un coup d'œil.

Yuval: Merci beaucoup de m'avoir rejoint aujourd'hui.

Thierry: Merci.

A propos de "The Qubit Guy's Podcast" (Le podcast du gars de Qubit)

Animé par The Qubit Guy (Yuval Boger, notre directeur marketing), le podcast accueille des leaders d'opinion de l'informatique quantique pour discuter de questions commerciales et techniques qui ont un impact sur l'écosystème de l'informatique quantique. Nos invités fournissent des informations intéressantes sur les logiciels et algorithmes d'ordinateurs quantiques, le matériel informatique quantique, les applications clés de l'informatique quantique, les études de marché de l'industrie quantique et bien plus encore.

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